Israël Horvitz, Lebensraum (L'avant-Scène Théâtre, 15 juin 1998, n° 1031-1032)
Israël Horovitz aborde un thème qui peut déranger par la manière dont le sujet est traité. Et pour abordé une période mainte fois traitée, il fallait bien une nouvelle approche théâtrale.
Années 1930-40, Hitler explique la volonté d’expansion de l’Allemagne avec le terme de ‘’Lebensraum’’ (espace vital).
Début XXIes, le chancelier allemand Rudolph Stroiber sort d’un cauchemar qui lui inspire une nouvelle mesure pour ‘’atténuer autant qu’il est humainement possible, l’incommensurable honte que nous, Allemands, ressentons chaque jour à cause de ce que notre pays a fait subir aux compatriotes juifs il y a soixante ans’’, faire revenir en Allemagne 6 000 000 de juifs dispersés dans le monde entier, leur donner du travail et la nationalité allemande.
Et c’est là que le débat commence :
Chez les juifs de la diaspora : faut-il y aller, accepter ? N’est-ce pas plutôt pour achever le travail commencé soixante ans plus tôt
Chez les allemands : voir des étrangers, qui ne parlent pas leur langue, leur prendre leur travail ? On découvre alors que les jeunes ne connaissent pas réellement le passé de leurs parents et de leurs grands-parents. Il y a une négation de ce passé, de ces actions ? Le dénoncer relèverait-il d’un complot juif ?
Comment cette politique va-t-elle se mettre en œuvre ? Avec quelles conséquences dans la population et les mentalités ?
Un fait est intéressant à noter grâce au paratexte de cette pièce, et c’est avantage des textes publiés dans ce magazine (L’avant-scène théâtre). Comment est née cette pièce ?
Après avoir refusé une bonne quinzaine de fois de se rendre en Allemagne, I. Horovitz se décide enfin à se rendre dans ce pays pour rencontrer des acteurs et metteurs en scène qui travaillent sur ses pièces. Il prend alors conscience, dit-il, de la notion plutôt abstraite de la population juive (personne ne semble connaitre de juifs) et de la culpabilité provoquée chez les jeunes allemands. Alors, lors d’un footing matinal, l’idée est née, brutale, au point qu’il interrompt tout ce qui était sur le feu (pièce et scénario) pour ce nouveau projet. Avec succès.