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6 septembre 2018

Johan Heliot, La trilogie de la lune, édition Mnémos, 610 pages

la trilogie de la lune

Voici une trilogie écrite par un auteur que je considère comme un ‘’bâtisseur d’univers’’, que j’avais découvert il y a quelques années dans une série en quatre volumes ‘’Ciel’’, qui était de l’anticipation à portée de main, et qui faisait réfléchir sur notre proche avenir et notre relation aux intelligences artificielles. Et l’univers qu’il nous donne à ire dans la trilogie ci-dessous nous plonge comme dans un monde parallèle au nôtre, dans une uchronie, qui revisite les événements de la fin du XIXes et du XXes.

Tome 1 : La lune vous salue bien.

Et si je vous disais que Victor Hugo envoie Jules Verne sur la lune pour retrouver Louise Michel, déporté dans le bagne sélénite après la Commune ?

Le premier roman de cette trilogie est clairement du steampunk, et à travers ce titre et les deux suivants, les nombreuses références intertextuelles montre les auteurs et les genres qui ont inspiré Johan Héliot.

Jules Verne, qui va aller au-delà de ce qu’il a pu imaginer dans ses propres romans. Il va vivre ce que son imagination ne pouvait pas encore concevoir. Verne, ‘’l’homme de la situation, le rêveur qui a sur faire partager ses rêves à des centaines de millions de personnes, le maitre d’empires imaginaires’’.

Mais de quelle situation s’agit-il ? Nous sommes dans les années 1880, Badinguet, l’empereur autoritaire règne depuis plusieurs décennies sur la France. Dans la clandestinité, des hommes tentent de résister, et nous retrouvons des personnalités qui se sont illustrées ou qui ont été témoin des événements de la Commune.

Une rencontre a bouleversé le fonctionnement du pays et de l’accès aux connaissances. Le peuple Ishkiss a permis aux humains d’accéder à un niveau de connaissances jamais égalé, et grâce à eux, Napoléon III a pu conquérir la lune, base de départ pour l’élaboration d’un nouvel empire. ‘’Conquérir d’autres planètes, y implanter des colonies de l’empire napoléonien, comme cela avait été fait dans les vieilles monarchies européennes’’.

Les anciens communards sont tous au bagne, le pire d’entre eux étant désormais sur la lune. Y partir pour ne jamais revenir. C’est là qu’est Louise Michel, dans des conditions épouvantables.

Mais Babirossa, à la tête d’un réseau d’opposants libertaires est sans nouvelle d’elle, militante toujours active. Il lui faut donc infiltrer la base sur la lune par un de ses partisans, et non des moindres, l’homme de la situation, Jules Verne.

Embarquons ‘’en vrai’’ avec l’auteur du ‘’Voyage sur la lune’’ dans le ventre d’un vaisseau Ishkiss.

Que va-t-il trouver sur place ? Va-t-il aller jusqu’au bout de sa mission ? Les enjeux sont lourds de conséquences et les européens de la première moitié du XXes vont en payer le prix.

Tome 2 : La lune n’est pour vous.

Cinquante ans sont passés. Dans la colonie sélénite, la société s’est organisée avec souplesse, l’atmosphère a été par endroit développée, c’est désormais une terre ‘’verte’’.

Sur terre, un grand conflit a bouleversé la configuration géopolitique européenne. Celle-ci est désormais dominée par la société de Thulé, et un homme considéré comme le messi prend de plus en plus de pouvoir. ‘’Lui, le petit caporal de la guerre totale. Ce soir-là, il a ce qu’il appellera plus tard une intuition. Il se lève sur son banc, sa chope de bière à la main, et se tourne vers la fenêtre qui découpe une tranche de nuit dans le mur. Derrière la vitre sale, on aperçoit un croissant de lune bleuté :

-          Nos ennuis viennent de là, pensez-y, clame-t-il tout haut et fort (…) Pendant que nous mangeons notre pain noir, ici-bas, ils se gobergent, là-haut, vautré dans la richesse’’.

 

Le pangermanisme s’étend aux quatre coins du monde, d’ailleurs Albert Londres a ben failli en faire les frais.

Dans ce volume, nous croisons donc le baroudeur Albert Londres, mais ici s’ajoute aussi Léo Mallet, petit cambrioleur, recruté pour ses capacités à ouvrir un coffre.

L’aspect steampunk est un peu moins marqué, mais sommes toujours dans un univers futuriste, une uchronie qui nous permet de revisiter la géopolitique européenne et mondiale, comme dans un monde parallèle : Et si l’Allemagne avait gagné le premier conflit mondial, que ce serait-il passé ?

Puisque la lune et ses habitants sont devenus les boucs-émissaires d’Hitler, que va-t-il bien arriver à cette colonie ? Comment l’exterminer ?

Comment la lune va-t-elle résister ?

Tome 3: La lune vous salue bien.

Et encore une poignée de référence littéraires et musicales au cœur de ce roman. Vian est au centre, mais gravite autour de lui les spécialistes de la littérature SF américaine : Asimov, Borroughs… et du Jazz.

La lune a fui l’orbite de la terre, destination inconnue au fond de l’univers. Mais sur cette lune, ceux qui n’avaient pas demander à y vivre, les enfants des migrants de la première génération, se sont aussi révoltés. Pourquoi leur imposer un voyage vers l’infini qu’ils n’ont jamais demandé ? Alors, dans ce monde libertaire, la révolte, on sait ce que sait, on discute et on offre une chance. Une colonie dissidente se forme sur Mars, pied à terre provisoire avant un éventuel retour sur terre. Quel est l’objectif de ce retour ? Comment seront-ils acccueillis ?

Dans cette uchronie, les américains dominent le monde, un vestige de l’armée nazi tente de survivre en Afrique autour du renard du désert, Rommel. La politique américaine des années 60 est revisitée avec de nombreux clins d’œil culturels.

J’ai un bémol à émettre quant au style, en rupture avec les deux précédents volumes. Johan Héliot joue avec les styles, et dans celui-ci il cherche à coller, je pense à l’époque et au milieu dans lequel évoluait les personnages dans ‘’notre monde’’. La narration est menée par Vian dans un style de pastiche. J’ai cru lire un OSS 117 avec des dialogues de Frédéric Dard. J’ai aussitôt pensé à mes lectures de jeunesse de San Antonio : tournures, argot, expressions, c’est du Sana tout craché, me suis-je dit. Une rupture qui ne m’a pas paru cadrer avec les deux titres précédents.

 

 

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